Des jeunes militants planchent sur la CGT de demain
Ils sont ingénieur, avocate, étudiant, intérimaire, informaticien, animatrice, travailleur isolé, ou au chômage…
Les 5 et 6 octobre, une trentaine de militants de moins de 35 ans ont planché sur les problématiques syndicales liées à la jeunesse. Un week-end de réflexion festive, organisé par le collectif CGT Jeunes 44, à Basse-Goulaine.
Ces dernières années, plusieurs collectifs de jeunes militants CGT ont vu le jour. Souvent, la période Covid a été un premier déclencheur puis les mobilisations contre la réforme des retraites et, plus récemment, contre l’extrême droite, ont créé un afflux de jeunes militants. La CGT Jeunes de Loire-Atlantique, collectif multiprofessionnel rattaché à l’union départementale (UD) 44, est née en 2022. Elle regroupe une centaine de membres dont une trentaine d’actifs. Mickaël, Morgane et Vincent, en sont les co-animateurs. Dans un département où l’âge médian à la CGT est de 52 ans, le collectif permet « un espace de discussion et de cohésion entre personnes qui partagent des valeurs culturelles, souligne Mickaël, ingénieur informaticien. Il tente de faire le lien entre une génération vouée à prendre le relais et il est un sas d’entrée dans la question du syndicalisme ». Ce week-end-là, des jeunes venus des collectifs de Rennes, Tours et de l’Ugict (le syndicat CGT des cadres, ingénieurs et techniciens) ont aussi répondu présents.
Un accueil pas toujours chaleureux
Car si des disparités existent entre les syndicats et les régions, certaines problématiques, propres à la jeunesse, ressortent. Certaines sont directement liées au travail. « Le temps où l’on travaillait des années durant dans la même entreprise est révolu », note Guillaume, de Rennes. De même, le travail intérimaire, le télétravail ou encore certains statuts comme l’auto-entrepreneuriat exportent le travailleur loin de l’entreprise. « Alors comment s’organiser quand on ne voit pas ses collègues ? » s’interrogent-ils. Le monde du travail évolue et il leur paraît nécessaire d’en tenir compte, ne serait-ce que pour garantir une continuité syndicale.
Les jeunes militants évoquent également des freins liés au syndicat lui-même. Ils sont plusieurs à évoquer un accueil peu chaleureux dans leurs structures respectives. Il semblerait qu’il soit « parfois difficile de bousculer les habitudes après des années de militantisme ». Pas facile de décrocher un mandat dans ces conditions. Ils ne se retrouvent pas non plus dans certaines méthodes. « C’est bien de tracter mais il faut aussi être présent sur les réseaux sociaux » Ils trouvent aussi que les revendications pour la jeunesse qui ont émergé lors du dernier congrès confédéral, « qui ne tiennent parfois que sur une ligne », ne sont pas assez ambitieuses. Les jeunes militants pointent enfin des conflits intergénérationnels, notamment sur les questions écologiques ou de féminisme.
« C’est bien d’avoir une femme à la tête de la confédération, mais ça ne fait pas tout. »
Alors pour séduire les jeunes, tous plaident pour une modernisation de l’image de la CGT. « C’est bien d’avoir une femme à la tête de la confédération, mais ça ne fait pas tout. » La nouvelle génération veut davantage d’actions antisexisme et anti-patriarcat, « pas que dans les titres ». De plus, les manifs qui peuvent être des portes d’entrée au syndicalisme doivent être dépoussiérées. « L’UD nous a laissé la main sur la sono lors des manifs pour les retraites. On a mis un DJ sur la remorque », illustrent les militants qui témoignent d’adhésions grâce à cela. Bien sûr, « la camaraderie est essentielle », note Morgane, juriste en droit du travail, qui plaide pour des temps de réflexion collective comme celui de la CGTEUF.
Le besoin d’évoluer
Mais maîtriser les outils numériques pour mieux communiquer en interne et être visible sur les réseaux sociaux (Twitch, Instagram, etc.) est primordial. « Tout le monde a encore en tête le slogan, On est la CGT, devenu viral sur TikTok. » C’est d’autant plus urgent quand il s’agit de luttes comme celles contre l’extrême droite. « Car eux maîtrisent ces outils » Dans le florilège d’idées, certains évoquent une chaîne YouTube, d’autres des podcasts pour partager les infos syndicales, etc. Enfin, ces jeunes militants aimeraient que l’accès aux formations syndicales soit facilité et ils feraient bien le ménage aussi dans le vocabulaire interne, truffé, selon eux, d’acronymes indigestes pour les néo-syndicalistes. La nouvelle génération tente de trouver sa place au sein de la CGT et pour cela, elle estime que cette dernière a besoin d’évoluer. Ces collectifs qui émergent et qui cassent les frontières établies, esquissent des premiers éléments de réponse.
Source : https://nvo.fr/des-jeunes-militants-planchent-sur-la-cgt-de-demain