Réunion publique sur l’avenir de la centrale EDF de Cordemais et les impacts pour les citoyens
Jeudi 10 octobre - 18h - Hippodrome de Cordemais
Article de la NVO CGT
EDF annonce la fin de Cordemais, les salariés s’en remettent à l’État
30 septembre 2024
Alors que la direction EDF a annoncé vouloir fermer la centrale électrique de Cordemais en 2027, après neuf ans de recherche sur un projet de reconversion du site, les salariés et les syndicats s’en remettent à l’avis de l’État, unique actionnaire.
Lundi 24 septembre, le groupe EDF a annoncé envisager « ne pas poursuivre le projet de reconversion à la biomasse de la centrale thermique de Cordemais en Loire-Atlantique » car « les conditions technico-économiques de réalisation » ne seraient pas réunies. Les 340 salariés EDF travaillent pourtant d’arrache-pied depuis près de neuf ans sur ce concept de production d’électricité à partir de granulés de bois (pellets). Un procédé qui a prouvé qu’il fonctionnait. EDF prévoit pourtant l’arrêt de la centrale en 2027 et étudie l’idée de convertir le site, à compter de 2029, en une usine de préfabrication de tuyaux pour les réacteurs nucléaires, EPR2, destinés à sa filiale Framatome. Une usine qui pourrait employer à terme 200 personnes. En attendant, EDF se veut rassurant et entend accompagner l’ensemble de ses salariés. L’État, unique actionnaire du groupe, n’a pas encore communiqué sur le sujet, mais depuis cette annonce, les réactions politiques sont nombreuses.
Une décision unilatérale
La présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui défend depuis longtemps l’implantation de petites centrales nucléaires, des SMR (pour small modular reactor), sur le site car, peu convaincue par la pertinence du seul projet Ecocombust2 pour Cordemais, ne semble pas surprise. Les députés de la France insoumise, Ségolène Amiot, Mathias Tavel et Andy Kerbra, sont quant à eux consternés par « cette annonce unilatérale et sans concertation, de tourner le dos à cet engagement d’une réindustrialisation verte », d’autant que l’État a confirmé son soutien au projet en septembre 2023. Par voie de communiqué, ils considèrent que « la taxe récemment envisagée par Bercy sur les producteurs d’énergie, qui semble avoir pesé dans cette décision, ne doit se faire au détriment de notre avenir écologique et social ».
Côtés salariés, la surprise est toute relative dans la mesure où la direction nationale d’EDF et le gouvernement devaient leur apporter une réponse sur le projet Ecocombust 2 avant l’été. Cela est toutefois vécu comme « une trahison » et « un passage en force » de la part d’EDF. Les arguments techniques et financiers ne tiennent pas la route pour Fabien Deschamps, délégué syndical CGT. Il accuse toujours la direction d’avoir tout fait pour plomber financièrement le projet, peut-être aussi parce que « né dans la tête des travailleurs et porté par la CGT ». Il estime qu’on ne peut raisonnablement pas demander à une centrale, au rôle assurantiel, d’être « ultra-rentable ». Aussi, une expertise menée par le comité social et économique a montré que « le projet Ecocombust2 était au moins à l’équilibre ». Le militant rappelle que ce sont plus de 20 millions d’euros de recherche et développement qui ont déjà été injectés dans ce projet de conversion, dont 4 millions par l’entreprise Paprec, spécialisée dans la collecte et le recyclage de déchets industriels.
Les syndicats réclament que, comme il s’y était engagé, « le PDG, Luc Rémont, vienne à Cordemais s’expliquer devant les salariés »
Les salariés de la centrale, réunis en assemblée générale par l’intersyndicale CGT-CFE-CGC-FO, ont déposé un préavis de grève jeudi 26 septembre, effectif jusqu’à « la fin de l’hiver électrique ». Cette semaine, des opérations de filtrages ont eu lieu, des pellets ont été déposés dans le bâtiment de la direction, mais il a été décidé, « pour rester maître de notre outil de travail, de finir les essais de requalification sur les émissions atmosphériques, sans lesquels la Dreal [direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, NDLR] nous interdirait de fonctionner », détaille Fabien Deschamps. Les syndicats réclament que, comme il s’y était engagé, « le PDG, Luc Rémont, vienne à Cordemais s’expliquer devant les salariés ».
Un rendez-vous à venir à Matignon ?
En ce qui concerne l’État, les salariés ne s’attendent pas à un retour imminent du gouvernement, dans la mesure où Michel Barnier vient tout juste d’être nommé Premier ministre, mais ils en attendent beaucoup de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, déjà à ce poste en 2023, lorsque le projet Ecocombust a été nommé lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt pour la création de la filière traitement bois déchets. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui était venue apporter son soutien en avril dernier, « suit de très près le dossier », souligne Fabien Deschamps, confiant sur le fait d’obtenir ce rendez-vous.
Cordemais conservera-t-elle ses cheminées rouges qui font désormais partie du patrimoine de la ville ? « EDF, société publique, a la responsabilité de la sécurité d’approvisionnement en électricité de tous les usagers », rappelle en tout cas le militant qui ne peut pas prédire si la centrale de Flamanville sera suffisante pour alimenter le Grand Ouest en 2027 en cas de pic de consommation.
https://nvo.fr/edf-annonce-la-fin-de-cordemais-les-salaries-sen-remettent-a-letat/