la CGT de Loire Atlantique (44)
Sur le droit de manifester : quelques repères historiques
vendredi 24 juin 2016

Face au mouvement social contre la loi Travail dite El Khomri, le gouvernement a brandi la menace de l’interdiction de manifester, et l’a même mise en œuvre.

L’occasion d’un retour sur l’histoire pour tâcher de mieux comprendre dans quelle cadre juridique se sont déroulées les manifestations au cours des 19e et 20e siècles.

C’est le décret-loi du 23 octobre 1935 qui fixe, pour la première fois, une réglementation d’ensemble sur l’action de manifester sur la voie publique. Avant cela, les textes sont rares et ne donnent pas de véritable statut juridique à la manifestation.

C’est dans ce contexte de relatif vide juridique que les manifestations se développent au 19e siècle. La manifestation apparait moins comme un droit que comme une pratique de fait soumise à tolérance de la part de l’administration. Elle s’inscrit pleinement dans le rapport de force travail/capital. Les pouvoirs publics la regardent avec méfiance, craignant toujours la dérive insurrectionnelle. Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre sont en effet quasi systématiques.

Jusqu’à la manifestation « pacifique » du 17 octobre 1909, négociée avec les
pouvoirs publics et encadrée par les « hommes de confiance », toutes les manifestations syndicales dans la capitale sont interdites.

Malgré le décret-loi de 1935, le droit de manifester reste très ambiguë. Du point de vue juridique, si la manifestation n’est pas condamnée, rien ne la consacre et ne la garantie pour autant. La « liberté de manifestation » reste précaire dans son principe et fortement encadrée quant à sa pratique.

Tout au long du 20e siècle, la manifestation s’est affirmée comme un des modes d’action principaux du mouvement ouvrier et s’est inscrit à part entière dans le fonctionnement démocratique. Si la pratique de la liberté de manifestation s’est située loin des textes, elle s’est inscrite pleinement dans le cadre de la liberté d’expression et dans celui de la lutte des classes.

La décision du Conseil constitutionnel de 1995 a apporté toutefois une précision
particulièrement importante, qui conforte le droit de manifester.

Note réalisée à partir des travaux suivants :

Hubert G. Hubrecht, « Le droit français de la manifestation », in Pierre Favre (sld), La manifestation, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1990, pp. 181-206.

Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France, 1918-1968, Publications de la Sorbonne, Paris, 1997.

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