DECRYPTAGE Impôts : Qui paie quoi ?
Nous sommes censés payer des impôts à hauteur de nos facultés contributives.
Mais la réalité est bien différente, l’analyse des recettes de l’État le démontre.
Ainsi la répartition sur 350 milliards de recettes en 2025 pour l’État est de :
- 👉🏼 100 milliards sont dus à la TVA, impôt à la consommation payé intégralement par les particuliers.
- 👉🏼 95 milliards proviennent de l’impôt sur le revenu, payé lui aussi intégralement par les particuliers.
- 👉🏼 53 milliards sont constitués par l’impôt sur les sociétés (payé par les sociétés).
Les entreprises versent donc 53 milliards, quand les particuliers en versent 200. - 👉🏼 Les 100 milliards restants sont des taxes diverses, payées par les particuliers et les entreprises.
Conclusion : les recettes fiscales sont alimentées à plus de 75 % par les particuliers.
Et les riches, contribuent-ils plus que les pauvres quand même ?
Mauvaise nouvelle : pas du tout !
- 👉🏼 Les plus riches bénéficient de revenus autres que ceux du travail (qui sont taxés jusqu’à 45 %) ; ils perçoivent des dividendes (imposés à 30 %), donc une partie des bénéfices des sociétés dans lesquelles ils ont des actions, des revenus provenant de la vente de leurs placements immobiliers (appartements ou maisons) ou mobiliers (actions de sociétés).
- 👉🏼 Les plus riches ne dépensent pas tous leurs revenus, ils paient donc proportionnellement moins de TVA
- (impôt sur la consommation) que les autres citoyens.
- 👉🏼 Les riches ne le sont pas devenus par leur travail, mais le plus souvent en capitalisant sur le travail des autres et/ou par héritage, bénéficiant de multiples exonérations ou abattements.
- 👉🏼 Les transmissions d’entreprises effectuées par donation ou succession bénéficient d’une exonération de 75 % (« pacte Dutreil »), y compris sur des biens non professionnels !
- 👉🏼 Les très riches, qui bénéficient de très gros revenus de capitaux, échappent presque totalement à l’impôt sur le revenu en montant des sociétés fictives (trusts) tolérées de fait par les autorités !
- 👉🏼 L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), déjà peu élevé, a été remplacé par un minuscule impôt sur le patrimoine non professionnel, qui bénéficie d’encore plus d’exonérations que l’ISF et dont les taux sont encore plus faibles ; pour bien se rendre compte, il rapporte 10 fois moins que les taxes foncières (2,7 milliards contre 26).
Résultat : selon des révélations du Canard Enchaîné reprises par Gabriel Zucman, le taux d’imposition effectif de Bernard Arnault s’élèverait à moins de 14% sur ses revenus totaux annuels, estimés à 1,3 milliard d’euros. Ce taux de 14% correspond à celui appliqué à un couple sans enfant gagnant 150 000 € par an.
Qui paie la TVA ?
Tout le monde paie au moins la TVA, impôt dont on a vu qu’il est celui qui rapporte le plus, même un enfant s’achetant un bonbon, un sans-abri ou un réfugié sans papier s’achetant un repas. Et comme c’est un impôt injuste car indépendant des revenus du consommateur, les personnes les moins riches dépensant la plus grande partie de leurs revenus (sans possibilité d’épargner) sont donc celles qui paient proportionnellement le plus la TVA…
Donc ce n’est pas seulement Nicolas qui paie, comme voudrait nous le faire croire l’extrême droite, mais aussi Fawzïa, Aminata et Lucien !
Il est donc faux de dire que certaines personnes ne paient pas d’impôt ; si elles peuvent ne pas payer d’impôt sur le revenu, elles contribuent très largement au budget de l’État par la TVA.
Pourquoi un tel écart entre les entreprises et les particuliers ?
Les taux d’impôt sur les sociétés n’ont cessé de diminuer au fil des gouvernements, pour atteindre aujourd’hui 25 % pour les petites et moyennes entreprises (les grandes entreprises quant à elles, payent beaucoup moins en bénéficiant de nombreuses exonérations, en déportant dans les paradis fiscaux les bénéfices réalisés en France.
Conséquence, une imposition moins importante et qui n’apporte rien au budget de la France. C’est clairement du pillage organisé sur le dos des travailleuses et travailleurs de notre territoire).
L’impôt sur le revenu est progressif et s’échelonne de 0 à 45 % (par exemple 30 % pour les revenus annuels compris entre 29 316 et 83 823 €).
Les entreprises ne paient que sur leurs bénéfices (donc déduction faite de leurs charges), quand les particuliers paient sur 90 % de leurs revenus (sauf déduction faite de quelques dépenses appelées « niches fiscales »).
Les entreprises et les plus riches sont les seuls responsables des 80 à 100 milliards de fraude fiscale évaluée ; en effet, ce sont les seuls à disposer d’outils juridiques pour frauder (les salariés, eux, voient leurs revenus déclarés obligatoirement par leur employeur).
On le voit, l’impôt est dévoyé
- 👉🏼 Alors qu’il devrait être payé en fonction des possibilités de chacun·e, ce sont essentiellement les salarié·es et les PME qui contribuent et les grandes entreprises et les foyers les plus riches qui y échappent,
- 👉🏼 Et alors qu’il devrait servir à financer des services publics au bénéfice de tous et toutes, ceux-ci sont sacrifiés et le reste à charge en hausse constante, pour une qualité de service pourtant moindre (attente interminable aux urgences par exemple).
L’impôt est donc de moins en moins accepté par la population, puisque de plus en plus injuste.
La justice fiscale est aujourd’hui une exigence démocratique urgente assez facilement réalisable !
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